PERCEPTIONS

1.2.3. PERCEPTIONS : Percevoir positivement !

Le couple percevoir-agir est fondateur du vivant

nous dit Nicole Poteaux (2003), qui souligne que c'est dans l'interdépendance de la perception et de l'action que s'enracine la connaissance.

Nous allons voir dans ce paragraphe combien cette dimension est incontournable. Cela fait partie des "contraintes universelles" auxquelles nous sommes tous soumis... Mais c'est aussi cela qui nous donne la mesure de notre pouvoir d'action, la liberté d'exercer notre influence personnelle sur nos propres fonctionnements et notre environnement !

S'ESTIMER, AVOIR CONFIANCE EN SOI POUR BIEN APPRENDRE

Sentiment, confiance, conviction, croyance... sous le poids de notre culture cartésienne, on a tendance à associer affect et inefficacité, et à se méfier de nos émotions, de nos perceptions. Peut-être avec raison, car elles peuvent en effet nous mener à la réussite comme à l'échec. Comme la peur n'évite pas le danger, mieux vaut donc, plutôt que de les ignorer, apprendre à les connaître, à les gérer, et par là-même contrôler notre apprentissage, et au delà les évènements qui affectent notre existence.

C'est à partir des perceptions que se construisent les représentations mentales qui nous permettent de penser, de juger, d'éprouver tel ou tel type d'émotion, et donc d'agir. Les émotions, même parfois inconscientes, sont bien souvent des facteurs déterminants de nos prises de décision, normalement pour en accroître la précision et l'efficacité. C'est à partir du cerveau émotionnel que l'expérience va se charger de sens, et dessiner notre caractère, notre personnalité par les réponses que nous donnons aux sollicitations de l'environnement.

Cependant, notre façon de réagir émotionnellement n'est pas déterminée d'avance par notre tempérament, elle peut se modifier tout au long de la vie, en fonction de nos attitudes et de notre vécu.

C'est dans la nature de notre cerveau d'intégrer de nouvelles expériences. Ces expériences, échecs comme succès, vont se coder et se marquer, tracer de nouveaux chemins (réseaux de connexions entre les neurones), qui détermineront les perceptions que nous aurons des situations ultérieures. La répétition renforce ces chemins, en positif comme en négatif. Ainsi, la réactivation des connaissances permettra de les faire entrer dans la mémoire à long terme, bénéficiant à l'apprentissage. De même, si nous avons l'habitude de réagir par la colère, nous favorisons cette réaction, et elle reviendra de plus en plus facilement et rapidement à l'avenir, plutôt qu'une autre, mais nous pouvons toujours créer de nouveaux chemins. Inutile d'incriminer la biologie, nous sommes responsables de nos émotions ! Par la conscience, nous avons le pouvoir de gérer et de contrôler nos émotions. Nous ne sommes donc pas forcément ce que nous croyons, ou que nous avons l'habitude d'être. Nous possédons une puissance de changement, un potentiel immense à explorer et à développer.

Ce qu'il importe de retenir, c'est que les perceptions émotives ont un impact sur la situation cognitive, et que lorsqu'elles sont négatives (névrose, anxiété, perception négative de soi) affectent et réduisent la performance. Il peut être rassurant de considérer que ces états sont provisoires, qu'ils ne constituent en rien notre vrai profil. Pour retrouver le contrôle, il est de première importance de percevoir positivement, de retrouver le plaisir et le goût d'apprendre.

l'efficacité et le succès dépendent de la perception émotive de l'élève. Ainsi, une situation perçue positivement sera abordée avec efficience, la personne se sentant suffisamment en contrôle pour oser mobiliser l'ensemble de ses savoirs et de ses ressources. Si au contraire la situation est perçue comme potentiellement dangereuse, la personne tentera de l'éviter ou encore offrira une résolution précipitée.

dans un article de Michelle Bourassa, Université d'Ottawa

LA THÉORIE DE L'AUTO-EFFICACITE, d'ALBERT BANDURA

Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que les choses sont difficiles.

comme l'a dit Sénèque qui pressentait peut-être, avec quelques siècles d'avance, la théorie de l'auto-efficacité de Bandura.

Les croyances en notre capacité à réussir jouent un rôle prépondérant, selon Bandura, sur notre capacité à apprendre, notre engagement et nos performances. Selon lui, les personnes cherchent à éviter les situations et les activités qu'elles perçoivent comme menaçantes, mais elles s'engagent à exécuter les activités qu'elles se sentent aptes à accomplir.

L'efficacité personnelle perçue est "la croyance de l'individu en sa capacité d'organiser et d'exécuter la ligne de conduite requise pour produire les résultats souhaités" (Bandura, 2003). Elle serait une variable majeure de la qualité et de la profondeur des apprentissages : plus grand est le sentiment d'efficacité personnelle, plus élevés seront les objectifs et l'engagement dans leur poursuite. Ce sentiment influence la motivation, les aspirations, les choix, la quantité d'efforts, la persistance face aux obstacles et aux échecs, la vulnérabilité au stress et à la dépression, la résistance à l'adversité.

La croyance en nos capacités, l'efficacité perçue, plus que notre capacité ou efficacité réelle, déterminent notre mode de pensée, notre comportement, et notre niveau de motivation. Notre réussite, ou notre échec, peuvent donc en dépendre (ce qui explique qu'on peut être tout à fait capable et savoir ce qu'il faut faire, et se décourager, voire abandonner parce que l'on croit que l'on ne l'est pas).

Cette théorie montre la force que peut avoir la perception, la croyance, et l'influence que celles-ci peuvent avoir sur notre vie. Dans la mesure où l'auto-efficacité peut ainsi réguler notre activité, elle est un facteur clé de "l'agentivité" humaine, si nous l'utilisons à bon escient pour contrôler notre propre fonctionnement et exercer notre influence sur les évènements de notre existence.

ComplémentPOUR EN SAVOIR PLUS